Merci Colombia, VOLVEREMOS !

Merci Colombia, VOLVEREMOS !

Même si vous savez, grands enfants Cyclotoupixiens que vous êtes, que nous avons achevé notre périple colombien via la rubrique destinée aux enfants, nous vous devions des explications finales sur ce premier pays hôte de notre pérégrination cyclable.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?!

C’est un peu l’adage que nous pourrions appliquer à la fin de notre parcours colombien puisque nous avons choisi de faire durer le plaisir, évitant ainsi l’axe trop emprunté de la Panaméricaine (la Panam’ pour les intimes, quoiqu’un peu différente de notre capitale !), pour aller côtoyer quelque hauteur jusqu’alors inconnue !

Cap vers l’Ouest depuis Popayan pour rebasculer vers le Centre-Sud au cœur de ce que les géographes nomment communément « El Macizo Colombiano » (le Massif colombien), puisque c’est le point de séparation des trois cordillères qui s’étirent vers le  Nord et la source de l’étoile fluviale colombienne (on y trouve la source des plus grands fleuves colombiens qui se jetteront, dans l’Atlantique pour les Rios Magdalena et Cauca, dans le Pacifique pour le Rio Patía … et dans l’Amazone pour le Caqueta !

Sur la route du volcan Puracé

On se retrouve donc « rapidement » sur nos vélos  à près de 3500m d’altitude pour tenter l’ascension de notre premier volcan, le Puracé, situé au cœur d’une réserve indigène – el resguardo indigena de Puracé . Après une nuit d’acclimatation, départ à l’aube pour une ascension sèche de 1100m (les bons matheux obtiendront une altitude max de 4600m ( y picos ), le brouillard est de la partie au sommet nous privant d’une probable magnifique vue sur le cratère et bien d’autres volcans à l’horizon. Retour sur le plancher des vaches, vers 4000m, où ces dernières broutent encore les rares herbes du páramo andin (végétation typique d’altitude dans les Andes), et la vue se dégage ! Ce fut une bonne première approche des grandes altitudes qui nous attendent plus au Sud avec un bon ressenti…même si le mal des montagnes – el soroche – peut vous prendre n’importe quand !

On passe d’un páramo à l’autre, les côtes sont costaudes, les routes pour moitié asphaltées… nous vous laissons deviner l’état de l’autre moitié ! Nos vélos résistent et nos jambes nous guident jusqu’à la vallée de San Agustin.

Un peu de tourisme culturel à San Agustin

Qui connaît le Parc Archéologique de San Agustin ? Certainement pas grand monde, du moins pas avant de se rendre en Colombie et de visiter les nombreux sites archéologiques de la dite-ville et de ses environs, jusqu’à peu pillés par les consciencieux chercheurs de trésors ( los guaqueros) . Il faut dire que les découvertes sont récentes et plutôt impressionnantes mais apparemment personne ne s’accorde encore sur des datations précises et sur la civilisation présente dans la région. Au menu, de grandes pierres sculptées représentant des personnages mi-hommes mi-animaux retrouvées dans des tombes (eh oui ! on est dans une nécropole) ou veillant sur la zone afin d’éloigner les ennemis .

Après un petit cours de fabrication artisanale de la panela ( voir l’article pour les jeunes ) , on continue notre route vers l’Ouest. En deux jours, nous voici aux portes de l’Amazonie colombienne. On reste toujours stupéfaits de la diversité de climats et de paysages. Ici donc, trois possibilités s’offrent à nous, tenter l’aventure de la jungle, filer directement en Equateur (c’est aussi un peu la jungle), ou repartir à l’assaut des montagnes…

Le Trampolin de la Muerte

Mais notre décision était déjà prise et nous tentons l’ascension « mythique » du Trampolin dit « de la muerte » ! Deux jours de montée quasi continue sur une route – que dis-je ? un chemin – bien étroit, et emprunté par suffisamment de bus, 4×4 touristiques et camions pour nous filer un peu plus la frousse que celle déjà bien présente à l’évocation mortuaire du nom de la tristement célèbre route !  Il faut préciser que quelques bus remplis de voyageurs ont déjà fini au fond du ravin ô combien vertigineux qui longe la route ! Passages à gué bien violents suite aux fortes pluies – que nous essuyons durant les deux jours – glissements de terrain, froid et humidité sont les maîtres mots de la traversée. La vigilance est de mise et heureusement, quelques beaux panoramas embrumés s’offrent à nous avant d’arriver dans la vallée de Sibundoy…sous le soleil, sains et saufs !

La famille Camentsa

Chaleureusement accueillis par Mama Charo et Benjamin, à la tête d’une famille de huit enfants, nous apprenons le mode de vie et de pensée des Camentsa, communauté indigène à laquelle ils appartiennent. Avec les Inga, ils peuplent la vallée de Sibundoy et partagent des valeurs fortes liés à la terre et à la famille. Chaque communauté constitue une entité forte dans les villages dans lesquelles ils habitent puisqu’ils possèdent leur propre chef – taita – et forment un conseil au sein du Cabildo (qui serait pour nous l’équivalent d’une mairie). Ils possèdent un pouvoir décisionnel sur leurs terres, pour entreprendre des travaux d’infrastructures, pour leur système éducatif ou de santé (qui reste traditionnelle en grande partie). Une belle expérience de partage et forte en émotions auprès de ces gens humbles et très curieux ! Pour un peu, nous restions 15 jours de plus pour assister au Carnaval auquel ils attachent une grande importance et aux rites qui le précèdent avec une session sûrement mystique autour d’une fameuse boisson : le yagé (ayahuasca).

En route vers la frontière

Mais il est temps d’avancer pour nous et le mauvais temps nous pousse à arriver rapidement à la frontière. Au milieu des volcans qui émaillent les derniers kilomètres nous séparant de la frontière, nous parvenons à Ipiales qui sera notre dernière étape colombienne. Plus longue que ce que nous avions imaginé, l’étape prend des allures de campement de longue durée dans une station essence reconvertie en parking chez Armando, Judith, Laura et Santiago, famille Ipialeña qui accueille déjà un autre « cyclo »-voyageur français, Alain ! C’est notre première rencontre cyclo du voyage, et en fin bricoleur, Alain a trouvé le moyen de se mettre un coup de scie circulaire sur le bras…rien de moins ! Autant dire qu’il n’est pas prêt de repartir ! Une veine, car dans ce cadre particulier, il nous aide à trouver de tout pour remettre les biclous d’aplomb ! C’est aussi l’occasion de se concocter des bons petits plats à la franco-colombienne, et simplement passer du bon temps !

Ce cadre sera aussi celui de l’anniversaire de Laurent.  A force de persuasion, et intrigués par cette « surprise » (enfin surtout Laurent, car Julia était rapidement mise au parfum de ce qui allait se tramer) qui attend toute personne passant son anniversaire ici, nous décidons de rester. On en profite pour faire un tour en Equateur, dans l’impressionnant cimetière de Tulcan, récupérer des Dollars US (monnaie officielle du pays depuis l’année 2000) et découvrir le fameux sanctuaire de « las Lajas ».

Le día de cumpleaños arrive et avec lui son lot de surprises parmi les surprises. Au final, à vouloir rester, Laurent a gagné une immonde bouillie d’œufs, de coquille, de farine et autres substances dont nous ne souhaitons pas connaître la provenance, projetée sur sa tête et ses habits, un repas très CUY (couille en phonétique, ou cool si vous préférez, qui signifie COCHON D’INDE, plat dont raffolent les sud-américains !), une belle coupe chez le petit barbier du quartier et une superbe canne-à-pêche étrennée dès le lendemain grâce à la patience d’Alain et en prévision des lacs grouillant de truites de la Patagonie !!!

Merci à tous, merci la Colombie, VOLVEREMOS !

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Bilan de la Colombie

La Colombie est un pays plein de vie et d’énergie, en perpétuel mouvement, de la musique à tous les coins de rue, des couleurs et beaucoup de sourires. L’accueil et la gentillesse des habitants est incroyable, on sent qu’ils ont beaucoup souffert d’une dure période de guerre dont ils commencent doucement à sortir et souhaitent changer l’image du pays outre-Atlantique. La population est très orgueilleuse de son pays et très préoccupée par nos impressions. La Colombie reste un pays relativement pauvre (45 % de la population colombienne vit en dessous du seuil de pauvreté) où les contrastes de richesse sont patents, malgré tout nous avons été généreusement accueillis et le plus souvent par des familles humbles vivant de très peu.

La Colombie est encore préservée du tourisme de masse, du moins pour les zones que nous avons parcourues, ce qui lui permet de conserver son authenticité. La diversité de paysages est  assez folle et encore, nous n’avons pas visité les côtes Pacifique et Caraïbes ni le désert de la Tatacoa.

Concernant la sécurité nous avons respecté quelques règles et consignes de base, mais nous ne nous sommes jamais sentis menacés ou en situation de danger ou d’insécurité. Nous espérons que ce pays pourra sortir rapidement et définitivement de cette guerre et changer son image.

Ce que l’on a particulièrement aimé :

– La folie de ce pays plein de vie et son authenticité.

– La musique omniprésente dans les villes, les campagnes et bords de route.

– La gentillesse et l’accueil des colombiens, nous remercions toutes les familles qui nous ont accueillis et les amis que nous nous sommes faits en chemin !

– La diversité des paysages, les montagnes, les páramos et la verdure à l’état pur avec les vaches bien sûr !

– Les fruits, leur diversité et leur saveur exceptionnelle.

Ce qu’on a moins aimé :

– La conduite des chauffeurs de camions et particulièrement de bus visiblement irrités d’avoir 2 clients en moins.

– La propreté laissant souvent à désirer et de manière générale le peu de préoccupation pour l’environnement malgré d’innombrables panneaux prônant le respect de la nature et la bonne gestion des déchets.

– Certains mélanges culinaires au début surprenants pour nous (fromage fondu dans le chocolat chaud, le café ou la panela avec fromage, pâte de goyave avec fromage), l’omniprésence des sodas, mais aussi le manque de chocolat, de vin et de fromage !

– La pluie, el Niño , la Niña , (le changement climatique quoi ! ) qui réduit l’été colombien à un seul petit mois au sec !

– La psychose « guerillera » ou la psychose du danger, tous les colombiens nous disent qu’ici la zone est sûre mais ils ne peuvent pas s’empêcher de nous demander si on n’a pas été attaqués, menacés, volés, égorgés…

La  bulla (bordel sonore) permanente qui fait le charme du pays mais qui nous fatigue parfois un peu, surtout la nuit, en ces fêtes de fin et de début d’année, en cette période de carnaval…en fait tout est prétexte à faire la fête et à faire du bruit !

Bilan en chiffres :

Temps passé : 68 jours dont 37  jours à pédaler

Nuitées : 3 nuits en hôtel, 9 nuits en camping, 6 nuits en bivouac et 50 nuits chez l’habitant (amis, contacts, rencontres, warmshower, couchsurfing…)

Budget moyen journalier par personne : 8€50 tout compris

Kilomètres et dénivelée à vélo : 2 500 km et 40 000m de D+ sur 37 jours