Une quinzaine touristique !

Une quinzaine touristique !

Laurent : « Presque 20 ans que ça ne m’était plus arrivé ! Des vacances avec les parents… Il ne manquait que la sœur pour que le tableau fût parfait et que je retombe en enfance ! »

C’est donc comme une grande première, surtout pour les parents qui vont découvrir ce pays que nous sillonnons désormais depuis près de 2 mois ; ils vont passer rapidement des 25m d’altitude du plat pays landais à 150m d’altitude à Lima, puis à 2600m à Ayacucho et enfin à 3400m à Cusco ce qui peut engendrer un peu de stress avec la fatigue accumulée du voyage. Quant à nous, nous les attendons avec impatience, nous avons bien besoin d’un peu de repos et de cocooning en famille !

Résumé de la situation : nous sommes le 19 avril, tout frais sortis de la Cordillera Blanca, mais à quelque 900km d’Ayacucho, point de rencontre avec les parents dans une semaine. Hum ! L’équation semble difficile à résoudre à 2 roues, du coup rajoutons une inconnue taxi-bus-camion afin de pouvoir arriver à bons comptes !

Un contre-la-montre direction Ayacucho !

Désormais, on choisit nos étapes à vélo, forcément les plus intéressantes sur cet axe central péruvien très transité malgré une chaussée étroite ce qui ne joue pas en faveur de notre sécurité. C’est ainsi que nous parvenons en bus à Cerro de Pasco, LA ville de +50 000 habitants la plus haute du monde (4380m), mais aussi sûrement l’une des plus laides. Il faut dire que sa localisation sur un sommet – cerro ­– n’est pas fortuite. En effet des mines à ciel ouvert l’entourent de toute part ! La région entière (Junín) est d’ailleurs considérée comme LA région minière du pays.

Bref, on débarque là, ça caille, c’est la pampa, on s’enfile un ½ poulet-frites à 2, faut dire que le bus ça creuse, puis on se relance à bicyclette, direction le Bosque de Piedras au sein du Santuario Nacional de Huayllay. Des Dentelles de Montmirail puissance 1000 à 4000m mais du coup sans les vignes, et des parcours pédestres à découvrir pour y laisser son imagination créer d’innombrables formes dans cet amoncellement de roches…lama, cobra, lézard, éléphant…impressionnant !

On poursuit par des petites routes secondaires de terre et de boue au milieu des campements miniers et des troupeaux d’alpagas, entourés de sommets saupoudrés, jusqu’à Carhuacayan, petite bourgade archi-perdue au milieu de nulle part mais que nous avons élue la plus sympathique du Pérou ! Nous arrivons sous une pluie battante et cherchons refuge auprès de la mairie, pas de problème la secrétaire de mairie nous invite à passer l’après-midi au chaud dans ses locaux et à dormir chez elle. Non ! Finalement Madame le Maire tient à nous inviter à passer la nuit à l’auberge du village, la soirée se termine en séance photos en compagnie de la moitié des habitants animés par la curiosité de voir deux gringos à vélo se perdre dans la zone !

50 km nous séparent de la route principale et asphaltée mais la piste est en très mauvais état et « c’est très dangereux vous ne pouvez pas continuer à vélo ». Dangereux ? « Oui hier une dame du village s’est fait foudroyer là où vous êtes passés, ça arrive souvent en ce moment avec le mauvais temps » ! Bon ok, vous avez gagné, on saute dans le premier bus du matin pour rejoindre la route principale nous traversons ces paysages désolés de pampa et apercevons quantité de vigognes, ces petits lamas sauvages et très convoités pour leur fourrure. Puis sur l’axe principal, une courte tentative de 50km à vélo ne nous fera pas regretter le choix de faire du stop et de finir le trajet jusqu’à Huancayo en semi-remorque puis de prendre le bus jusqu’à Ayacucho, les péruviens sont définitivement des grands tarés un volant entre les mains !

Retrouvailles en temps et en heure

Nous retrouvons donc à temps les parents de Laurent à Ayacucho en plein centre du Pérou, les sacs remplis de victuailles et de pièces de rechange. Nous pouvons lancer notre quinzaine touristique, culturelle et gastronomique !

Jolie capitale régionale de style colonial, cette ville est connue pour avoir été le berceau du Sendero Luminoso , (parti communiste « un peu » violent de mouvance marxo-mao-léniniste terroriste des années 80-90 ayant fait tout de même près de 70 000 morts parmi les populations paysannes montagnardes et les enseignants – paradoxal pour un mouvement populiste). Bien avant ces événements tragiques, la région d’Ayacucho abritait une puissante civilisation pré-inca, les Huaris (ou Wari) dont on retrouve de beaux vestiges de leur savoir-faire de bâtisseur sur le site éponyme. Les parents s’acclimatent tranquillement à la réalité péruvienne et nous faisons tout pour les mettre dans le bain de notre quotidien : transports locaux, stop en bord de route, marchandage…pendant que nous poursuivons les visites dans les environs.

Cusco, le nombril du monde ?

Dans la foulée, nous grimpons dans un bus pour Cusco. La compagnie Chankas nous a sorti son plus beau bus pour parcourir les 560km d’une route récemment asphaltée et les 18h de trajet qui nous séparent de Cusco. Pas rassurés les anciens…mais nous non plus ceci dit avec nos vélos amarrés tant bien que mal sur le toit.

Une nuit, un pneu explosé, quelques gerbes biliaires de notre voisin allemand, et une matinée plus tard, nous voici tout de même arrivés dans la capitale Inca : El Cusco ! Et un Pisco-Sour pour fêter ça !

Quelque peu éreintés du voyage, on se motive tout de même à aller s’imprégner de l’ambiance de la ville. Depuis le quartier San Blas, sur les hauteurs de la ville, on embrasse d’un regard tout le centre historique. Tout est monumental, et les fondations incas de nombreux bâtiments que les espagnols n’ont pu démolir témoignent de l’ingéniosité et de la force que les incas devaient déployer pour ériger les plus beaux palais (rappelons qu’ils ignoraient l’usage de la roue, du fer et sûrement de bien d’autres choses – par exemple, ils ne savaient même pas écrire, les nuls !). Les espagnols aussi ont tenté de rivaliser en greffant sur ces fondations des églises imposantes. Ce mélange des genres, puisqu’il faut l’accepter ainsi, n’en donne pas moins l’impression d’une ville magnifique.

Ah oui, par contre, plus dur d’accepter tous ces véhicules qui circulent à hue et à dia, leur conducteur le cerveau branché sur le klaxon s’immisçant dans les moindres ruelles pavées à vocation piétonne…. C’est vrai qu’on ne vous a jamais encore parlé de la passion du péruvien pour son klaxon, il faut dire qu’ici on dit « tocar la bocina » pour klaxonner, soit littéralement « jouer de la corne » du coup tout le monde se prend pour l’homme-klaxon , et tout est prétexte à jouer du klaxon. Le péruvien klaxonne de manière insistante et à plusieurs reprises bien sûr, pour te saluer ou t’encourager, pour te dire de te pousser du milieu, pour prévenir qu’il arrive avec sa grosse bagnole, mais le péruvien klaxonne surtout car il aime ça, il aime le bruit de son klaxon !

Des hauteurs de Cusco à la Vallée Sacrée en passant par le Machu Picchu

Cusco était donc la capitale de l’empire Inca jusqu’en 1534 et tout autour gravitait une population installée sur les contreforts des montagnes. On ne va pas rentrer dans les détails sinon on pourrait y passer la nuit, on vous invite donc à vous munir du fameux et non moins coûteux Boleto Turistico (130 Nuevos Soles) et passer quelques jours entre Sacsayhuaman, Q’Enqo, Tambomachay et les sites tout aussi spectaculaires de la Vallée Sacrée ou Valle Sagrado pour les puristes (Pisaq, Ollantaytambo, Moray…). Ça vaut son pesant d’or inca ! Si vous n’avez pas la possibilité de vous y rendre expressément voici quelques photos.

Bien sûr, comme toute entreprise bien rôdée, vous ferez tout ceci avant de visiter le non moins célèbre et sur-visité Machu Picchu.

Nous, nous avons choisi la formule « semi-luxe ». On s’est effectivement payé le luxe de voyager dans le « mythique » et non moins folklorique train du Machu Picchu (on vous charge de vérifier s’il s’agit bien du train le plus cher du monde à 1,8$/km en version économique). Faut dire qu’on y était un peu contraint au risque de se taper 5-6h de bus sur une route entortillonnée avec un pont coupé et encore marcher 3h (voire plus à cause du pont soi-disant effondré) le long d’une voie ferrée…cette fois-ci ce n’était pas pour nous et nos visiteurs. Mais nous avons quand même entrepris l’ascension finale à pied à 4h30 du matin afin de mériter au bout d’1h30 de marches abruptes ce merveilleux site qui s’est offert à nous !

Le ton est parfois un peu sarcastique car l’ensemble de ces visites constituent la machine à dollars du Pérou, ou devrions-nous dire des entreprises étrangères qui ont remporté les concessions laissées par le gouvernement péruvien qui préfère prendre quelques dessous de tables le court temps de son mandat. Peu voire rien ne revient tout compte fait aux populations locales, qui vivent encore aujourd’hui de ces terres lesquelles constituent leur histoire finalement pas si ancienne. Et nous touristes, on nous taxe tant et plus.

Bref, le système tout autour du MP est écœurant, mais c’est tout de même dur de se priver d’une telle merveille ! ça reste un site incontournable et même si vous pensez avoir tout vu via la photo-cliché, détrompez-vous, c’est vraiment monumental et époustouflant.

Voila pour le coup-de-gueule !

Les eaux bleues et glaciales du lac Titikaka

Sinon, après cette semaine intense cusquenienne, direction l’altiplano et le Lac Titikaka, plus haut lac navigable du monde (faut toujours que tout soit LE PLUS ici), où les parents vont définitivement apprendre à dompter l’altitude, feuilles de coca à la bouche. Depuis Puno, direction les îles du lac côté péruvien via un circuit touristique mais qui permet en 2 courtes journées d’appréhender les modes de vie, langues et civilisations de la région.

Iles flottantes d’Uros le matin dans un remake du défilé folklorique des fêtes de Dax, puis Amantani où la journée et la nuit passées en famille locale auront permis de sortir un peu du carcan tour avant de mettre le cap sur Taquile, petite île paisible aux allures méditerranéennes, pour clore le circuit. C’est donc sur les rives du lac aux eaux non polluées (!!) et d’un bleu profond que nous quittons les parents qui s’en retournent à Lima via Arequipa  après quelques péripéties (routes bloquées et manisfestations contre les projets miniers du coin) qui les contraindront à sauter dans un avion pour rejoindre la capitale à temps ! Cela fera partie des nombreux souvenirs qui rendent ce pays inouabliable…

Mille mercis à vous d’être venus passer ces 2 semaines en notre compagnie, nous pouvons repartir gonflés à bloc d’énergie, de calories et d’envie !

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