Equateur : un final en apluiethéose

Equateur : un final en apluiethéose

Déjà la fin de l’Equateur ?! C’est aussi l’impression que l’on a, à peine entrés, aussitôt sortis, il faut dire qu’il s’agit d’un petit pays d’à peine 1000 km du Nord au Sud, mais dont la diversité paysagère aurait pu laisser présager d’une plus grande exploration. Alors pourquoi êtes-vous en train de lire la fin de nos histoires équatoriennes ?

Redescente les pieds sur terre

Nous redescendons progressivement de notre petit nuage post-Cotopaxi pour en terminer avec cette belle province éponyme (Cotopaxi donc) dans l’agréable village de Pujili, puis au marché de Saquisili réputé pour être un des plus grands et actifs de la région. On n’est pas déçus du détour, puisqu’à peine nos vélos déposés dans une cave de la mairie, nous sommes plongés dans l’effervescence marchande de ce petit village. Pas moins de 7 places sont dédiées au commerce en tous genres. On y trouve forcément les étals colorés et parfumés des fruits et légumes, les épices et les céréales, mais aussi ceux plus bruyants et malodorants du bétail et de la basse-cour (poules, canards, oies et cochons d’inde bien sûr), des couturiers (étonnamment c’est un métier plutôt masculin ici) avec les belles machines Singer d’un autre siècle, le coin des fripes contrefaites, celui des ustensiles et ferrailles en tout genre, et ce qui nous intéresse le plus, les stands de nourriture ! Quimbolitos, tamales, keyes, pan con colada morada, llapingachos (on vous laisse chercher ce que c’est !)…bref, un régal pour tous les sens !

Après ce doux retour à la civilisation, nous prenons le parti de nous « réfugier » dans la jungle de l’Orient pour y trouver un climat somme toute plus clément que celui dans lequel nous nous trouvons depuis quelques temps : grisaille, froid et pluie. Fut-ce le bon choix ? Aurions-nous dû nous diriger vers la côte pour profiter de la farniente et du soleil ?

Direction el Oriente , les pieds dans la jungla

A Baños, ville thermale de 20 000 habitants perchée sur les contreforts de la Cordillère (et même sur les flancs d’un des volcans les plus actifs d’Equateur – la Mama Tungurahua – dont nous n’apercevrons pas le cratère fumant) et à l’entrée de l’Amazonie est réputée pour ses thermes très prisés par les équatoriens (il paraît que Baños est même la 1ère ville touristique du pays – ce qui ne nous étonne pas vu les 200 hôtels présents) et pour ses activités de sports extrêmes : canyoning, rafting, saut à l’élastique ( puenting le nomment-ils ici) ou encore VTT !
Pour notre part, nous profiterons de quelques belles balades dans les alentours depuis notre nouveau QG, un charmant petit hôtel dont le propriétaire nous accueille à l’œil en échange de quelques petits services ! Finalement on s’en est tenu à une sommaire traduction de la page internet de l’hôtel. Pour le reste, ce sera plutôt repos, grasses matinées et bons petits plats avant de reprendre la route plus à l’Est et descendre sous les 1000m d’altitude. Nous poursuivons notre route en passant par chez l’ami Puyo(ô !), puis Macas aux portes de l’immensité amazonienne, mais nous ne prenons pas le temps de nous s’engouffrer plus dans la jungle, les conditions étant…devinez donc !? A la fête à la grenouille !!!!

« Rapide » remontée sur la cordillère

Nous réalisons l’étape la plus longue de notre début de voyage…en bus ! Eh oui, une petite fatigue/lassitude morale s’est installée ces derniers jours avec l’enchaînement de l’ascension du volcan, la poursuite du vélo et la morosité météorologique. Aussi, nous décidons de remonter sur la Cordillère le plus rapidement possible, on craque donc pour le bus pour la première fois depuis le début du voyage. Il fallait tout de même que nous testions le réseau équatorien ! Pour ce qui est de l’aspect rapide de la remontée, cela reste relatif puisqu’il nous faudra près de 11h de trajet effectif et 3 bus pour atteindre Loja 330km plus loin. Partis à l’aube, nous débarquons à la gare routière de Loja à 22h ! Nous grattons l’amitié à un policier pour qu’il nous laisse dormir dans un local éclairé toute la nuit à la vue de tout le public nocturne que l’on peut s’imaginer transiter dans une gare routière…bref nous voilà comme des poissons dans leur bocal !

Petit aparté pour les spécialistes des transports, ici les bus c’est la base pour tout déplacement, tout le monde l’utilise pour tous types de besoins et tout est transportable (de nos vélos, aux régimes de bananes en passant par les volailles vivantes!). En Equateur le transport en bus est très bon marché car le prix de l’essence est bas, en moyenne il faut compter 1 dollar pour 1h de transport. Par contre il ne faut pas être pressé, on ne s’embarrasse pas d’arrêt de bus, la montée et la descente est possible de partout ! Dans un village le bus peut s’arrêter 4 ou 5 fois pour faire monter ou descendre des passagers, et ça n’émeut personne !

Dernière ligne « droite » vers la frontière péruvienne

De Loja, que nous parcourons en diagonale, nous filons plein Sud vers un poste frontière un peu reculé pour ne pas dire isolé, le point le plus méridional de l’Equateur, afin d’éviter les 2 autres sorties plus empruntées et apparemment mal famées. Plusieurs attaques de cyclo-touristes sont à déplorer notamment entre Huaquillas (Equateur) et Tumbes (Pérou) sur la côte, et la suite vers Piura, Chiclayo et Trujillo n’est pas plus sûre. Direction La Balsa par une route en cours d’achèvement sur 130km (majoritairement achevée sur les 100 premiers) puis 20km de piste… le tout en forme de montagnes russes… 5000m de dénivelée positive au programme.

Nous faisons escale dans la légendaire et vernaculaire Vilcabamba, qui, du fait des soi-disantes parfaites conditions climatiques et de quiétude, recèle(-ait) les vieillards les plus vieux d’Equateur…et désormais les nouveaux futurs-vieux du monde entier, ces derniers, par le fabuleux jeu de la spéculation foncière ayant chassé les derniers locaux. Du coup, ce petit patelin ressemble plus à « gringoland » que n’importe quel autre coin du pays (sauf Montañitas peut-être). Nous nous empressons de repartir dès le lendemain et signons alors l’étape la plus courte du voyage : 20km au compteur. On s’offre une pause dès midi sonné dans le petit village de Yangana ! Bien nous en a pris puisqu’on y rencontre un cyclo-éclopé (encore un !) qui nous indique la présence d’un néo-warmshower (réseau identique à couchsurfing mais pour les cyclo-voyageurs). En fait, il s’agit d’une famille qui accueille, ou arrête au passage tout vélocipède, depuis belle lurette mais qui vient de s’enquérir de l’existence de ce réseau grâce à l’écorché ! Superbe rencontre avec Marco, son frère Xavier, et leur famille (parents, oncles, enfants, petits-enfants partageant tous la même parcelle), avec qui nous nous initierons à la traite des vaches et à la fabrication du typique fromage frais dit « cuajada » entre autre ! La désormais traditionnelle crêpes party (à base de lait frais et d’œufs de la basse-cour) viendra couronner et remercier les 2 jours passés en leur compagnie.

De nouveau en selle, nous rejoignons Palanda, dernier village accessible avant de s’enliser dans les ornières boueuses des engins qui s’activent à achever le monumental chantier de voirie. Une bonne averse finit de nous dissuader de continuer à vélo. Ce sera le bus jusqu’à Zumba, où nous dormirons…sous une pluie battante…qui nous ôtera définitivement toute envie de regagner la frontière à vélo ! Re-bus !

Ces 50 derniers km sont dignes du Trampolin de la Muerte colombien et pourraient même le surclasser si les 35 premiers n’étaient pas en train d’être asphaltés ! Avis aux amateurs, dépêchez-vous si vous voulez accrocher ce passage frontalier à votre palmarès, fin des travaux prévus le 07/04/2015 (il y aura probablement quelques mois, voire années de retard !). Nous, au milieu de tant de camions, de poussière et de boue ocre bien collante, nous avons passé notre chemin, la faute tout de même à une météo dantesque qui a provoqué bon nombre d’éboulements et de crues…Même en bus, nous avons cru ne pas y parvenir, un torrent nous ayant coupé la route près d’une heure durant, et ça aurait pu être bien plus si l’impétueux conducteur de notre Vaquero (bétaillère) n’avait pas décidé brusquement de se jeter dans les tourbillons du torrent, au nez et à la barbe de tous les spectateurs. Dans les ressauts du véhicule au moment du franchissement, les vélos sont restés sur le toit. Ouf ! Ils en sont même redescendus indemnes (en apparence) au poste frontière de la Balsa, prêts à passer du côté péruvien de la force !

Bilan de l’Equateur

Impression générale :

On reste un peu sur notre faim…et c’est bien dommage, car l’Equateur, plus petit pays des Andes, propose une multitude de possibilités avec ses trois facettes : la côte et ses plages bordées du courant chaud El Niño et ses îles Galapagos, la montagne et ses volcans tutoyant les nuages (Cotopaxi et Chimborazo pour ne citer que les plus célèbres) et la jungle et sa diversité faunistique et floristique savamment enseignées par les communautés indigènes qui orchestrent la gestion de ce nouveau tourisme dans les règles du dol’art . Pour nous et notre mode de transport, il était difficile d’allier les 3 paysages tant les montagnes sont hautes et les côtes raides ! Vous nous direz, oui, mais vous aviez le temps ! Eh bien non, justement nous n’avions pas le temps…avec nous ! Car oui, février-mars (et a priori jusqu’à avril), c’est bien la saison des pluies un peu partout, n’en déplaise à tous les équatoriens qui nous disent le contraire en parlant de la région du voisin ! Bref, on savait qu’Equateur pouvait rimer avec humidité, mais quand elle est continue, et qu’en plus il fait froid (on est devenu exigeant, les 20°C ambiants ne nous satisfaisant plus), qu’on est trempés comme des soupes et qu’il y a de la gadoue à perte de vue, qu’est-ce qu’on fait ? On tente la fuite par le Sud…

Pour nous ce sera une belle occasion d’y retourner !

Ce que l’on a particulièrement aimé :

– Tous ces volcans majestueux partout dans la Sierra, et puis les Andes, les vraies !
– Le Cotopaxi en particulier, plus haut volcan en activité de la terre, et on l’a vaincu !
– Le vin équatorien ! Ah non, oups, gloups, on n’en a pas vu/bu ! D’ailleurs, on ne boit plus du tout, budget oblige ! On se rend compte que la bière quotidienne n’est pas rentable !
– Les bananes, il faut dire que c’est LE pays de la banane et qu’elle est pas chère alors on en a consommé dans tous ses états : sucrée, salée, frite, en beignets, en chips, en jus…
– Le chocolat (d’Ambato qu’ils le disent) enfin !!! Amer ou sucré, ça passe dans les 2 cas.
– L’accueil des équatoriens sur notre route : pompiers (sauf ceux de Macas qui nous ont laissé à la porte), warmshowers, casa de ciclista, hôtel Llanovientos de Baños et le MAE (ministerio del ambiente) qui propose un accès gratuit à ses parcs naturels (visite et bivouac)
– Les explications directionnelles des Équatoriens, ça ne s’explique pas, ça se vit ! Ils ont aussi un petit souci de confusion entre la droite et la gauche, il faut le savoir et surtout savoir interpréter leurs gestes. Et contrairement aux Colombiens pour qui tout était « muy cerquita » , pour les équatoriens tout est « lejiiiiiisimo » !

Ce qu’on a moins aimé :

– Alors qu’on nous avait promis des conducteurs moins « fous-fous » qu’en Colombie, pour nous cyclistes, le bilan reste négatif, malgré le moindre trafic et surtout moins de motos, il reste toujours autant de tarés sur la route, et encore on a calmé l’ire des conducteurs de bus en montant dans certains de leurs véhicules…sensations fortes garanties. Par contre ils sont plutôt bons sur la signalétique pro-cycliste !
– Le dollar, qui, du coup, provoque l’augmentation substantielle de la valeur de tous les produits. Tout se monnaye « a dolar »…
– Le double discours du président Correa, qui se veut socialiste et tente par tous les moyens de rompre les liens avec l’impérialisme nord-américain, tout en montant un énorme programme touristique autour de la venue de ces mêmes « gringos ».
– La pluie, la pluie, la pluie… on n’a certainement pas eu de chance, mauvaise période un peu partout (Sierra et Oriente). Il faut dire que sur un voyage au long cours, forcément il y a un moment où ça ne passe pas…
– Les gigantissimes travaux de voirie dans toutes les parties du pays rencontrées. Le gouvernement mise sur le développement du pays via la construction de 4×4 voies. Il n’a sûrement pas tort étant donné le « bon » exemple donné par les pays « riches ». Du coup, ceci combiné à la pluie, ça donne de la boue, des éboulements, des glissements de terrain et donc des routes parfois impraticables. Et que dire de l’impact visuel, pour ne pas parler de celui environnemental !!! En secret et dans notre plus grande utopie on imagine que toutes les études d’impact ont été réalisées avec minutie !

Bilan :

38 jours passés dont 21 jours à pédaler
8 nuits en bivouac, 25 nuits chez l’habitant (amis, contacts, rencontres, warmshower, …), 1 nuit en camping, 3 nuits en hôtel en tant que « Volontaires »
Budget moyen journalier par personne : 6,5€ pour la vie quotidienne
Bilan kilomètre et dénivelée à vélo : 1 000 km et 22 000m de D+
Bilan bus : 400 km – 16h – 18$ / pers

Nous vous remercions de continuer à nous suivre dans nos pérégrinations ; vos messages nous font chaud au cœur et nous motivent à continuer pour vous apporter toujours plus de belles rencontres, de belles images et de belles histoires ! Nous sommes désolés de ne pas pouvoir toujours vous répondre, mais alors que la connexion n’est pas toujours évidente, le cœur y est !